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TEMOIGNAGE DE FREDERIC, HARCELE AU TRAVAIL : ACTES DU COLLOQUE AVHMVP JUIN 2016 (3)

23 Août 2016

TEMOIGNAGE DE FREDERIC, HARCELE AU TRAVAIL : ACTES DU COLLOQUE AVHMVP JUIN 2016 (3)

Je viens d’une entreprise privée où j’ai subi un harcèlement professionnel.

Dans ces processus de harcèlement, ce qui m’a vraiment marqué, c’est que l’on vit sous le signe de la terreur, on se retrouve dans le cadre d’une mission, d’une volonté de destruction que ce soit à titre privé ou professionnel.

J’ai fini par abandonner, c’est très guerrier, c’est le prédateur qui chasse sa proie… ….On en vient à être évité par les autres.

J’ai fait plusieurs burn out et puis une paralysie faciale. On m’a licencié pendant mon arrêt de travail, au bout de 15 ans dans l’entreprise.

Dans mon harcèlement, les dates étaient toujours bien choisies, c’était le 14 février, le jour de la Saint Valentin, on m’a obligé à rester tard sur convocation alors que j’avais d’autres impératifs, c’était à mon anniversaire, à ma fête et le licenciement a même eu lieu à Noël…

Dans le harcèlement, il y a effectivement ce signe de terreur, de destruction, on veut détruire l’autre, appelons un chat un chat…

Je suis d’accord qu’il ne faut pas rester sous l’emprise du manipulateur ou de celui qui est responsable de cet état de fait mais ce n’est pas si simple que ca…

J’avais passé quinze ans dans cette entreprise et le plus simple aurait été que je démissionne et c’est bien ce qu’ils cherchaient à faire, mais je n’allais pas partir comme ça. Mon tort aura été de ne pas vouloir craquer. J’ai voulu aller jusqu’au bout et c’est mon corps qui a lâché et m’a sanctionné. J’ai eu une paralysie faciale et j’ai mis un an à me guérir. J’ai fait plusieurs dépressions. Après en être sorti, il m’a fallu plusieurs mois pour entamer une action prud’homale. Mes anciens collègues m’encourageaient vivement à le faire. Cette action prud’homale fait partie de ma reconstruction.

Aujourd’hui, cette compagnie dans le domaine de l’assurance, a pignon sur rue, fait de la publicité à la télévision et à la radio, je ne peux toujours pas écouter une publicité entière, je suis obligé de changer de chaîne. Je continue toujours à aller à ma boite aux lettres en tremblant parce que je recevais des courriers recommandés de façon violente alors que ca fait 2 ans que c’est fini. Pour ma boite mails, c’est pareil, je mets toujours un temps infini à l’ouvrir, parce que j’ai toujours souvenir des brimades que l’on pouvait me faire parvenir par mail.

Par exemple, quand je suis revenu après 3 semaines de burn out où je me suis dit que je ne pouvais pas laisser mes clients, parce que vous avez une conscience professionnelle, j’ai reçu un mail assassin de mon N+2, mon responsable direct auquel je n’avais jamais été confronté en direct, car il n’y avait jamais d’humiliation en public ou en réunion. Toujours en aparté, au téléphone, le matin avant 7h ou le soir après 21H30, donc toujours caché, jamais de preuve. J’ai eu toutes les peines du monde à faire valoir le caractère de harcèlement, d’ailleurs il n’a pas été retenu.

On m’a dit, et j’aurais préféré que mon avocate soit là à ce moment là, que c’était considéré comme un désaccord et non pas du harcèlement qui lui dépend du pénal. Mais comme aux Prud’hommes il n’y a pas eu reconnaissance du harcèlement, il ne m’est pas possible d’aller au pénal.

L’action aux Prud’hommes est encore en cours. J’ai gagné en première instance. Et l’employeur a fait appel, et du coup je représente ma requête pour la reconnaissance du harcèlement. L’appel sera jugé en fin d’année pour un verdict en milieu d’année prochaine. Si le harcèlement est reconnu à ce moment-là, j’irai au pénal contre mon ancien responsable.

Dans mon cas, le milieu juridique est un microcosme, il y a des négociations, j’avais demandé une somme rondelette en invoquant le harcèlement moral et j’ai gagné pour licenciement abusif, sur le motif de faute grave du licenciement alors que j’étais en arrêt maladie, et j’ai aussi eu une compensation financière, l’intégralité de ce que j’avais demandé.

Comment tout cela est-il arrivé ? Je travaillais dans une société privée d’assurance dans laquelle j’avais évolué très rapidement. J’étais un jeune cadre dynamique, modèle de cette entreprise, qui a gravi tous les échelons, excellent commercial avec un portefeuille important de clients, des responsabilités et un salaire confortable qui avait augmenté rapidement avec des félicitations et des promotions pendant 14 ans.

Et puis, il y a eu absorption de l’entreprise par plus grosse qu’elle. Donc nouvelle direction, hiérarchie, nouveau responsable...

Je me suis rendu compte qu’on m’avait ciblé de suite, je ne sais pas pourquoi, donc surchargé de travail, en rajoutant des secteurs à ma charge initiale. Je travaillais plus de 60 heures par semaine, je n’en pouvais plus et j’ai fait mon premier burn out.

Je me suis alors rendu compte que d’anciens salariés de l’entreprise qui nous avait absorbés et s’étaient ligués contre moi, étaient aussi courtiers indépendants et qu’ils préféraient favoriser et faire travailler leurs copains extérieurs qui se retrouvaient en concurrence avec moi sur mon secteur, et ils faisait ainsi perdre de l’argent à l’entreprise.

Quand je m’en suis aperçu, j’ai dit qu’il fallait revoir les objectifs et ai menacé d’en parler aux administrateurs et là, tout s’est précipité.

Je suis tombé au téléphone sur ce personnage qui m’a dit que mon responsable et celui du dessus et celui du dessus encore et encore étaient des anciens collègues et des grands amis à lui et que mon sort était scellé.

Je suis allée voir le RH régional mais il était avec les responsables régionaux et à ce moment-là je ne suis pas monté au national car avant d’arriver à ça, ils m’avaient brisé, détruit…

C’est par la suite que j’ai dénoncé les faits par mail au niveau national et heureusement que j’ai fait ce mail car il a compté comme preuve au procès.

La Direction régionale était autonome et c’est elle qui a décidé de me licencier. Elle a fait venir les personnes responsables pour statuer sur mon sort et ils ont décidé de me licencier pour faute grave parce que je faisais soi-disant mes affaires tout seul...

La Direction nationale n’était pas au courant. C’était géré au niveau régional et les magouilles étaient locales.

Quand le national a eu vent d’l’histoire, après mon licenciement, il y a eu des mutations des départs en retraite anticipée, changement de postes, toute une restructuration. Toutes les personnes ont bougé. Il y a eu une chasse aux sorcières et mon responsable direct à qui je dois mes problèmes de santé et d’autres ont été mutés.

Tout a été très rapide, en un an, ils ont réussi à me faire culpabiliser, j’étais convaincu d’’être un mauvais élément, je n’étais pas ce qu’ils attendaient de moi. Pour moi, l’affect et le relationnel dans un métier commercial c’est le plus important.

Je ne recherchais pas les primes mais la reconnaissance de ma Direction, et je ne savais plus comment fonctionner pour avoir cette reconnaissance. C’était le point faible de ma personnalité et c’est par la qu’ils sont rentrés pour me détruire.

Je me suis fait accompagner. Je suis toujours suivi par un psy pour syndrome dépressif sévère et par une hypno-thérapeute pour syndrome traumatique. Suite à la paralysie faciale, j’ai perdu 3/10 de vision à l’œil de ce coté là.

Vous vous retrouvez en position où soudain c’est vous le vilain canard, on était plusieurs à être convoqués…

Ce que je retiens, c’est cet élément de prédation, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, c’est vraiment la loi de la jungle, il faut qu’il y en ait un qui meurt…

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